LETTRE OUVERTE A M.LE MAIRE D’UZES
Pas moyen d’entrer au musée. Un gros chien noir, poil hérissé, babines retroussées, crocs apparents m’en interdit l’accès. Aucun propriétaire à l’horizon : il faut l’intervention du personnel de l’établissement pour éloigner le cerbère. Combien de touristes ont-ils rebroussé chemin devant le fauve ? Accueillir ainsi le visiteur, sont-ce les us d’Uzès?
Mes pas m’entraînent ensuite vers la belle et verte vallée de l’Eure. L’endroit est idéal pour faire prendre l’air à toutou. Ils sont nombreux en effet, une bonne moitié laissée à divaguer en toute liberté. Pourtant partout des panneaux indiquent que les chiens doivent être tenus en laisse.
Je vois un cabot déposer sa crotte sur la pelouse et deux mamans apeurées vite mettre à l’abri leurs poupons vers lesquels accourent des molosses. « N’ayez pas peur, il est gentil », s’exclame sans manquer le propriétaire. Tous les ans de tels animaux « gentils » tuent plusieurs enfants et quelques autres chiens. J’ai été agressé à l’âge de quatre ans par un berger allemand, dont je vois encore la gueule énorme à hauteur de mon visage. Depuis, je ne peux réfréner ma frayeur. Et l’animal « gentil », sentant ma peur, devient agressif. Combien de temps admettra-t-on que l’agressé ou la maman apeurée devront courber la nuque devant la brute, subir d’amères disputes quand le droit est pour eux ?
La police municipale m’indique qu’elle est là pour faire de la médiation. Il y aurait donc deux lois : l’une, pour ceux qui la respectent, l’autre, négociable, pour ceux qui la jugent facultative. Que reste-t-il de la loi si elle est négociable et que des autorités laxistes la prennent par dessus la jambe ? Crest dans la Drôme est une cité comparable en taille à Uzès. Récemment, le stationnement anarchique des cycles a soulevé une polémique. On a vu fleurir des affichettes collées par des cyclistes outragés où se voyait une automobile stationnée sur le trottoir en regard d’une bicyclette parquée à l’arrache. Quel sens cela a-t-il ? Puisque l’automobiliste ne respecte pas la loi, pourquoi la respecterais-je ? C’est un cercle vicieux : une incivilité en justifie une autre. Et bientôt s’installe une atmosphère de suspicion et d’insécurité générale, tandis que se délite le vivre ensemble. A Singapour, où grandirent mes filles, on ne maquignonne pas avec la loi. Résultat : une jeune femme rentre chez elle de nuit en toute sécurité. La civilité ne se divise pas ! Combien de temps encore faudra-t-il subir l’animalité du maître, sur l’attitude duquel toutou calque son comportement ? La démocratie, c’est fait pour les chiens ?
Hérault : Quatre personnes dont trois enfants mordus par un Pitbull à La Grande-Motte
