Quelque part entre jungle et désert, le Sahel où pérégrinent les Peulhs. Devant moi assise sur une natte posée à même le sable une très jeune femme, et sur ses jambes croisées un bébé qu’elle allaite. A la manière dont on marque le rythme sur des cordes de guitare, de la main gauche elle caresse le sexe de son enfançon: il est en érection. Tout en tétant un sein il caresse doucement l’aréole de l’autre. Comme dans une forme de rêve, les pupilles dilatées de la jeune femme fixent un indéfini lointain. Il y a dans cette scène, sans gêne ni ambiguïté, comme une étrange et salubre sensualité. Ainsi doit-on former d’excellents et respectueux amants au sein de cette nation peulhe où les mâles se disputent les cœurs des jeunes femmes lors de concours de beauté.

J’ai suivi à l’université des cours de psychanalyse. Nul n’est parfait ! L’enseignante ne cessait de revenir sur le terme phallus. Aussi l’interrogeais-je sur la signification du mot : « Il ne faut pas le prendre au pied de la lettre. C’est un concept pivot, central, pas un objet ».
Ah !? Ainsi un phallus ne serait pas un phallus. Mais alors pourquoi précisément ce mot ? A cette réponse je songe toujours et m’interroge plus encore sur la perversité polymorphe que Freud prête à l’enfance peut-être pour masquer la sienne propre [1].
[1] Le « Livre noir de la psychanalyse », sous la direction de Catherine Meyer est un ouvrage collectif rassemblant quarante contributions empruntant à plusieurs champs disciplinaires et questionnant tant la scientificité de la psychanalyse et l’honnêteté morale voire délictuelle de son fondateur.