l’étoile d’ouate

Parti en cocaïne visiter le Sahara ou plus loin
la nuit baillait un jour laiteux
de son sabot ma monture leva
dans une coloquinte lové un scolopendre
du cocon ligneux ennuyé et marri d’être ainsi tancé
le multipode désigna mon nez
instantanément
plus gras et plus brillant
je louchais sur le miroir céreux où brillait
une étoile de cellulose
une fleur d’ouate
à la lumière de diamant

ma mule tanguait sur des croupes de sable
avec comme seul orient entre mes yeux
cette étoile sur mon nez
il me fallait la suivre
je montais, descendais des marches minérales
entre des haies d’yeux blancs suivant ma silhouette
dans des visages noirs
d’autres à mes pieds gisaient

c’est de Sète que je partis
ayant dormi deux jours dans une villa ravagée de la Colline Saint Clair
dont je sautais le porche art-déco
voilà trois pièces
la première au lavis bleu jonchée de gravats
la seconde sanglante rongée de moisissure
dans la troisième les éclats d’un miroir
les chiottes sont couverts de poussière
la pluie à l’aube me tira de mon gîte
tout près, la grande croix de néon
achevait de baver sa laitance blafarde dans le jardin de l’église
Je rencontrai Aïcha qui vit l’étoile sur mon nez
en parla à Malika, celle qui sort avec Esteban
Ils me gavèrent tant de leurs conseils et apories croisées
que n’en pouvant plus je rentrai à Montpellier astiquer l’étoile d’ouate.

Publié le Catégories Poésie