suc et sec

printemps, canicule, barbelé

mardi 9 avril 2019 et +

interprétation d’après une photo de l’auteur, de la sierra du synclinal de Saou suant l’eau du Vercors sous la plombe caniculaire

Jaunes les jonquilles, mauve les primevères, tendre le bleu du ciel couché dans l’herbe où grouille le printemps tout charnu de rosées, de sucs, de vers, d’amibes, de cirons, de mycorhizes gonflées du plus sensuel des liquides : l’eau.

Mais bientôt vient l’été.

Saoû brûle bleu sous le dard du soleil. Bleu de cobalt, dense, solide des tonnes d’eau qui par millions s’évanouissent dans l’azur. Torride premier été du toboggan sec.

Sur les pelouses irrigués du Complexe aquatique batifolent le touriste et sa smala recomposée bruyante. Malgré l’étiage estival, le tourisme irrigué arrose de sa manne la vallée. Le reste de l’année, des retraités aisés soucieux de leur forme, ou bien de dynamiques actifs mobiles en quête responsable de bien-être et pour le corps et pour l’âme profitent de notre belle Biovallée® .

Les déprédations, les vendeurs à la sauvette, les grillages ? Du passé ! Oubliez ! Des caméras et des vigiles garantissent votre tranquillité. Soucieux de partager ce commun qu’est la vue, l’administration du Centre aquatique offre des zones de gratuité visuelles à n’importe qui veut se rafraîchir la vue en regardant l’eau.

Les zones de gratuité sont disposées de manière qu’autrui ne puisse se rincer le regard à vos détriments. Votre anonymat, votre intimité, sont garantis comme l’agrément de votre séjour et la pleine jouissance de la fraîcheur et des aménités balnéaires du Centre aquatique et sa chaude sociabilité. Oubliez tout, oubliez vos soucis, oubliez la pression, cocoonez-vous !

Conformément à son engagement écoresponsable, le Centre aquatique investit chaque année dans des technologies de pointe pour optimiser son empreinte écologique. Vous procurer les vacances éco-respecteuses les plus confortables , les plus fraîches et au moindre coût: c’est notre promesse. 

Le Centre aquatique n’oublie pas sa responsabilité citoyenne, économique et sociale (RCES). L’eau est un commun comme la vue. Un commun, comme la vue l’eau l’est. Et l’eau c’est la vie, et sans vie pas de vue et tout part à vau l’eau. Les tensions sur la ressource et le soutien nécessaire à l’activité économique font malheureusement peser un lourd tribut à la gorge des hydro-démunis.

Aussi votre Centre aquatique a-t-il rejoint un groupe de mécènes de l’Economie Ecologique, Sociale, Sanitaire, Solidaire et Aquatique (GMEESSSA). Aujourd’hui nous félicitons l’Etat de l’initiative qu’il a prise de soutenir la suggestion du GMEEESSSA de lancer un grand plan social et solidaire.

« En quoi diffère-t-il des 57 précédents autres ? » interroge notre journaliste ?

« La différence est radicale ! », assène le mécène porte-parole du GMEEESSSA. « Vous me demandez en quoi ? Son esprit et sa méthode scientifique et pragmatique sont uniques ! C’est la première fois qu’on s’appuie sur des méthodes de pilotage du changement fondées: – 1- sur les techniques d’ingénierie communautaire (community building); – 2 – sur la philosophie du Care; – 3 – sur l’approche  de Concorde Sociale Hydro-Holistique et de Développement des Territoires-Marge » ®.  Et ça, croyez moi, ça change tout ! »


Pour toute information sur le 58e « Grand Plan d’ingénierie communautaire de Concorde Sociale Hydro-Holistique et de Développement des Territoires-Marge inpiré du CareTM », surnommé en bref GPICCSHHDTMIC, rendez-vous sur notre site. Ou bien entrez ou dites tout simplement le code: 58eGP26/ICSH2DTICTM. Cette référence est à rappeler pour toute correspondance ultérieure.

 

Drôme: baignade, nature et démocratie

Un trou d’eau dans un paysage à couper le souffle où touristes et locaux ont pris l’habitude depuis la nuit des temps (la grotte de Tautavel à proximité fréquentée depuis le paléolithique en témoigne) de venir faire trempette pour échapper aux canicules des Pyrénées orientales. Une histoire que raconte le film « Ici rugissaient les lions » de Laurine Estrade et Jean-Baptiste Bonnet, présentée ce 23 mars 2025 au Campus d’Eurre (26) dans le cadre de l’excellent festival « Les yeux dans l’eau ».

Mais voilà ce trou d’eau est le puisage unique du territoire. Avec la montée des températures et la « démocratisation » de la bagnole, sa fréquentation a explosé, ce qui n’est pas sans conséquences sur la potabilité des eaux ni les milieux naturels. Alors la préfecture décide d’interdire la baignade. Presque un réflexe depuis quelques décennies, où pour des raisons de responsabilité des édiles on a préféré la sécurité juridique à la liberté de se rafraîchir. Nécessité de rafraichissement de plus impérative, voire vitale, à mesure que la température monte. Du moins pour ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir une piscine.

Les baigneurs ne l’entendaient pas de cette oreille et résistent de toute l’inertie que permettent le costume de bain et les flip-flop : le grillage devient étendoir à serviette, franchir les fils de fer offre l’occasion d’un peu d’assouplissement et aux gamin.e.s de cours préparatoire le panneau « Interdiction de baignade » de s’exercer à la lecture. Tant et si bien qu’en peu de temps le grillage pend lamentablement. Face à cette silencieuse vox populi, les autorités renoncent pitoyablement.

Une histoire de baignade qui ne pouvait manquer de résonner dans le Diois suite à la réhabilitation de la gravière des Freydières, entre Drôme et Grâne, qui souleva une vive contestation lors d’une présentation du projet à la salle communale d’Allex, où l’auteur de ces lignes était présent. Pourtant, un peu à la manière des zones à faible émission (ZFE), le projet était, sous un certain angle, exemplaire. Exemplarité dont témoignèrent Lucile Beguin, conservatrice de la réserve naturelle des Ramières, ou encore un écologue travaillant à la réhabilitation du Roubion. Où alors était le problème ? Que demandaient les contestataires ?

La démocratie directe ! Pas si simple. Lors de la réunion houleuse à Allex, Gérard Crozier, maire de la cité et président du Syndicat mixte de la rivière Drôme (SMRD) s’offusqua: « Toutes les formes démocratiques ont été respectées ». Frédéric Tron, élu communautaire et membre de la Commission locale de l’eau (CLE) soulignait : « Il arrive qu’une poignée seulement de personnes se présente aux réunions, malgré une débauche d’efforts de communication ».

Pas simple la démocratie. A torts partagés, de bas en haut mais surtout de haut en bas, trop souvent la conséquence de mauvaises habitudes d’énarques incrustrées comme des réflexes pavloviens. « Les locaux estiment avoir un droit d’usage et de regard sur le territoire où ils vivent », expliqua en substance Cédric Proust, animateur du schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) du SMRD. Pourtant « on peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles la commune en question ne dispose que d’un unique captage d’eau potable. C’est une vulnérabilité. Pourquoi la préfecture s’en remet-elle sans plus d’esprit critique au seul jugement des experts scientifiques, à L’Agence régionale de santé, sans prendre en considération les besoins des habitants ? ». « Les aspect psycho-sociaux et culturels de l’usage de l’eau ne sont pas pris en compte. Lorsqu’on aborde la question de l’eau potable avec les maires, on sent bien l’épaisseur symbolique de la question », complète Jean-Baptiste Narcy, du cabinet Asca spécialiste des aspects psycho-sociaux de l’usage des eaux. Manon des sources ne le démentirait pas. A Allex, certaines critiques allaient  bien dans ce sens : « On se baigne dans le lac des Freydières depuis qu’on est gamin ».

Pas simple la démocratie, ce détestable moyen – à l’exception de tous les autres – de résoudre les conflits surtout quand bien des millefeuilles convergent pour la rendre complexe et inefficace. « Les gens ne voient pas de quel droit on les priverait de contact avec leur territoire. Ils veulent se baigner en rivière. Mais qui dit baignade dit stationnement. Stationnement souvent sur le domaine du département. Ou bien il faut emprunter des voies vicinales, responsabilité du maire. Les déchets sont du ressort de l’intercommunalité. Et s’il faut traverser des terrains privés, c’est une source de conflit avec les propriétaires. Très, très compliqué », soupirait Frédéric Tron. Presque un constat d’impuissance. Qu’est la démocratie quand elle est vaine, questionnait Deng Xiaoping (jadis numéro un chinois) ? : « Les démocraties sont impuissantes, les tyrannies efficaces ».

Une complexité à porter à la puissance impuissante de 34955, le nombre faramineux, inconnu partout ailleurs en Europe, des communes hexagonales. Une mosaïque kaléidoscopique qui fait songer à la situation pré-révolutionnaire quand dans la France d’Ancien régime coexistaient, de cité en cité, régimes fiscaux, matrimoniaux et patrimoniaux (héritage), poids et mesures, dans une intrication proprement paralysante, barrant le futur et rendant épuisant le moindre effort pour changer quoi que ce soit. Or pourtant Talleyrand affirmait : « Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c’est que le plaisir de vivre ». Douceur de vivre, mais pour certains seulement. Et pour les autres ni pain et encore moins de brioche ! D’où la conflagration révolutionnaire. Commotion de violence, qui est bien le pire des moyens, sans exception aucune, pour ne rien changer au fond mais au contraire renouveler le pire.

Méfions-nous de voguer en de si proches et dangereux parages entre Charybde et Scylla. Car si les trublions d’Allex ont manifesté une certaine tendance à confondre démocratie directe et coup d’Etat direct – genre assaut contre le Capitole – rester dans le statu quo, ne proposer que des solutions à la marge sans s’attaquer à la racine des maux, c’est à coup sûr condamner à une mortelle dessiccation une démocratie assoiffée[1].


[1] Sur la question de la démocratie, de ses lacunes et de pistes pour l’améliorer, lire « Tirage au sort et imparfaites démocraties » du présent auteur, aux Editions Yves Michel/Le Souffle d’Or.

Crest (Drôme) en chinois

La Chine n’utilisant pas l’alphabet, elle a mis au point une transcription officielle afin de siniser les noms propres en écriture « latine ».

Crest s’écrit ainsi : 克雷斯特,  qui se dit (approximativement) : Kè léi sī tè.

L’idéal est qu’un nom propre ressemble phonétiquement à l’original mais ait EN PLUS une « jolie » signification. Par exemple Coca Cola, se dit 可口可乐 :  kěkǒukělè : « Le gouleyant qui rend joyeux ».

Que voudrait dire Crest en Chinois ?

Crest : 克雷斯特

克 – kè – contenir, restreindre, surmonter et aussi gramme (1 kg/1000)
雷 – léi – tonnerre
斯 – sī – ceci, cela, ainsi
特 – tè – spécial, unique, distingué

En se tortillant les méninges, on pourrait dire de Crest, sans chauvinisme aucun, qu’elle est : « (la cité) incomparable qui maîtrise le tonnerre ». Il est vrai que la région enregistre des niveaux kérauniques (le nombre de jours où s’entend le tonnerre) exceptionnels, mais le lien avec Taranis, dieu gaulois du tonnerre et donc des Voconces est purement poétique.

La Drôme, quant à elle, a d’emblée un très grand nom : 徳龙省 : Dé lóng shěng

德 – dé – la voie de la vertu, de la morale, de l’éthique, de la bonté. C’est l’une des vertus cardinales du confucianisme.
龙 – lóng – le dragon, animal totémique de la Chine
省 – shěng – la région

La Drôme en chinois ? « La région sur la voie de l’éthique du dragon ». Immense signification !

A noter que 龙 – lóng – le dragon – s’écrit aussi : 龍 . En effet, une bonne partie des caractères chinois possède deux écritures, l’une simplifiée, l’autre classique. On peut voir cette forme classique – 龍 – gravée sur le monument à la mémoire de Maurice Long, au cimetière de la remarquable chapelle Saint Pierre de Chabrillan, dont les murs semble-t-il retiennent d’antiques graffitis grecs et peut-être aussi arabe (voir photo : déchiffrage bienvenu). Maurice Long – 1826-1923 – fut gouverneur général de l’Indochine, député de la Drôme. Il a laissé son nom à l’une des rues de Crest.